n. m. XV
e siècle. Emprunté, par l’intermédiaire de l’italien
pennacchio, de même sens, du latin tardif
pinnaculum, « petite aile ; faîte », lui-même dérivé de
pinna, « aile ».
1. Grande plume ou faisceau de plumes flottantes servant d’ornement.
Un dais surmonté d’un panache. Un panache de plumes d’autruche. Le panache blanc d’Henri IV. Par anal.
Les cavaliers de la Garde républicaine portent à leur casque un panache de crins. L’écureuil a une queue en panache. Un panache de fumée sort de la cheminée.
2. Fig. Ardeur, bravoure, allure brillante qu’un chef montre dans le combat, l’action et qui se communiquent à ceux qui le suivent.
Il a conduit l’assaut avec panache. Par ext. Attitude qui allie la noblesse et l’élégance, la grandeur et le brio.
Se conduire avec panache face à l’adversité. Par méton.
Son discours ne manque pas de panache.
3. Vieilli. ÉQUIT.
Faire panache, en parlant d’un cheval, tomber la tête en avant et faire un tour complet sur lui-même. Se dit aussi en parlant du cavalier.
Se mettre en panache.
Pourquoi ce premier mot vous demandez-vous ? Mais si, mais si, je vous ai entendu, vous là-bas, au fond. Allons, allons ne faites pas le timide.
Ce mot donc, à chaque fois que je l'entends, me ramène à un personnage incroyable, tout à la fois historique et imaginaire : le sieur Hercule Savinien de Cyrano de Bergerac.
Et chaque fois, je repense à une tirade incroyable. C'est un peu long certes, mais je ne résiste pas :
LE BRETSi tu laissais un peu ton âme mousquetaire
La fortune et la gloire...
CYRANO Et que faudrait-il faire ?
Chercher un protecteur puissant, prendre un patron,
Et comme un lierre obscur qui circonvient un tronc
Et s’en fait un tuteur en lui léchant l’écorce,
Grimper par ruse au lieu de s’élever par force ?
Non, merci. Dédier, comme tous ils le font,
Des vers aux financiers ? se changer en bouffon
Dans l’espoir vil de voir, aux lèvres d’un ministre,
Naître un sourire, enfin, qui ne soit pas sinistre ?
Non, merci. Déjeuner, chaque jour, d’un crapaud ?
Avoir un ventre usé par la marche ? une peau
Qui plus vite, à l’endroit des genoux, devient sale ?
Exécuter des tours de souplesse dorsale ? ...
Non, merci. D’une main flatter la chèvre au cou
Cependant que, de l’autre, on arrose le chou,
Et donneur de séné par désir de rhubarbe,
Avoir un encensoir, toujours, dans quelque barbe ?
Non, merci ! Se pousser de giron en giron,
Devenir un petit grand homme dans un rond,
Et naviguer, avec des madrigaux pour rames,
Et dans ses voiles des soupirs de vieilles dames ?
Non, merci ! Chez le bon éditeur de Sercy
Faire éditer ses vers en payant ? Non, merci !
S’aller faire nommer pape par les conciles
Que dans les cabarets tiennent des imbéciles ?
Non, merci ! Travailler à se construire un nom
Sur un sonnet, au lieu d’en faire d’autres ? Non,
Merci ! Ne découvrir du talent qu’aux mazettes ?
Être terrorisé par de vagues gazettes,
Et se dire sans cesse : "Oh, pourvu que je sois
Dans les petits papiers du Mercure François ? "...
Non, merci ! Calculer, avoir peur, être blême,
Préférer faire une visite qu’un poème,
Rédiger des placets, se faire présenter ?
Non, merci ! non, merci ! non, merci ! Mais... chanter,
Rêver, rire, passer, être seul, être libre,
Avoir l’œil qui regarde bien, la voix qui vibre,
Mettre, quand il vous plaît, son feutre de travers,
Pour un oui, pour un non, se battre, -ou faire un vers !
Travailler sans souci de gloire ou de fortune,
À tel voyage, auquel on pense, dans la lune !
N’écrire jamais rien qui de soi ne sortît,
Et modeste d’ailleurs, se dire : mon petit,
Sois satisfait des fleurs, des fruits, même des feuilles,
Si c’est dans ton jardin à toi que tu les cueilles !
Puis, s’il advient d’un peu triompher, par hasard,
Ne pas être obligé d’en rien rendre à César,
Vis-à-vis de soi-même en garder le mérite,
Bref, dédaignant d’être le lierre parasite,
Lors même qu’on n’est pas le chêne ou le tilleul,
Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul !